Once upon a time… (almost) The End.

Bon, ben voilà. On y est. Presque. La fin de l’histoire. La fin du conte. 132 articles semés comme des petits cailloux sur le bord de la route. Et le tournant tout au bout. Mon blog me le dit, y a plus la place pour le moindre souvenir. Le livre est plein. Y a plus de pages à écrire. Fin. Alors, il est l’heure de commencer une nouvelle histoire. Pleine d’aventures. Pleine d’incertitudes, de doutes, de rêves et de magie. Pleine d’une nouvelle vie. Encore.

A croire que ces chapitres-ci sont déjà moins l’épilogue de ces trois dernières années que le prologue des nouvelles. Je le sens que ça bouillonne, que y a comme un volcan, ou comme un séisme. Que cette histoire-ci, c’était finalement plus un conte initiatique qu’une histoire avec des bonnes fées et des princes charmants. Que tout arrive toujours pour une raison, et que la princesse elle avait bien du chemin à faire, avec ses petits cailloux et ses ballons. Que tout ça, c’était pas pour rien, comme tout le reste avant. Et qu’il me reste encore six mois pour devenir vraiment moi. Et que c’était un peu pour en arriver là toute cette histoire. Enfin, je crois.

Mais ce qui est bien avec les dernières pages d’un livre, surtout quand elles laissent des paillettes plein la tête, c’est qu’on a envie de les dévorer d’un seul coup sans jamais les terminer, de savourer chaque ligne tout en étant impatient d’en finir.

Alors, pour se replonger dans le livre qui se termine tout doucement, c’est ici, Once upon a time… in Nola.

Et pour tourner les pages du nouveau livre qui commence tout doucement, c’est là, Once upon a time… around the world.

Je ne travaille pas dans le vrai monde… Ma petite entreprise connait bien la crise.

Dans mon faux monde, empli d’odeurs de fritures, de musique jazzy et de perruques, il y a aussi une école. Cette école est ma petite entreprise. Emplie, elle, d’effluves de brocolis tournés, de cris d’enfants dans une autre langue et d’uniformes rouges et blancs.

Quand j’arrive dans ma petite entreprise, je dis bonjour au grand chef avec qui j’échange deux trois mots gentils et cordiaux. Ca permet de créer un contact humain. C’est bon pour le moral des équipes. Puis, je valide mon entrée sur la pointeuse magique. Ca permet de compter nos 50 heures hebdomadaires, moins les pauses cigarettes. C’est important de surveiller ses équipes.

A 7h35, je fais mon premier pas dans la classe. La poussière derrière les bancs chatouille le nez. Tout est encore calme. C’est le moment de grâce. Les dix petites minutes où on va pouvoir prendre un café et se recharger en discussion pour la journée. La réunion photocopieuse. C’est bon pour le moral des équipes. On essaie d’éterniser l’instant béni, on grappille encore 5 minutes, comme au sortir du lit. Mais ça crie déjà dans les couloirs. Alors on traîne le pas, mais on y va. On les aime bien nos petits élèves, on s’y attache. Et on leur en veut même pas. Nos pas sont lourds parce que les journées sont longues. Et il n’est que 7h50.

Il faut sharpener le crayon à papier de Simone. Faire les lacets de Marcel. Ecrire l’exercice au tableau. Mimer avec des GRANDS gestes qu’il faut bien souligner le verbe. Expliquer à Charlotte ce qu’est un verbe. Ah! Un verb! Changer la boite de mouchoirs qui est vide. Répéter avec des GRANDS gestes qu’il faut souligner. Oui, en rouge. Oui, avec la règle. Donner une règle à Patrick qui retrouve la sienne cassée dans son casier. Régler le conflit entre Paul et Jacques qui ne sont plus meilleurs amis. Oui, au stylo. Distribuer des nouveaux stylos rouges à Michelle, Odile et Sébastien. Mettre un pansement sur le bras de Julien qui a trop gratté son bouton. Expliquer à Benjamin ce qu’est un verbe. Ah! Un verb! Entrer les absents sur l’ordinateur. Réveiller Anaïs qui s’est endormie sur sa table. Répondre à Sophie qui a le doigt levé depuis 5 minutes. Ne pas répondre à Sophie qui n’a en fait pas de question, elle a tout fini, elle fait le silence. Dire à Sophie qu’elle peut faire une activité autonome. Répondre à Georges qui ne retrouve pas son stylo rouge, est-ce qu’il peut faire au crayon. Sharpener le crayon rouge de Georges. S’asseoir avec Aline pour l’aider, parce que cette autre langue, c’est trop pour elle. Il est 8h30 et on a fait un seizième de la journée.

Heureusement, la récréation arrive, à la même heure que la prof d’art. Mais ce n’est pas bien grave, parce que la prof d’art ne fait pas art, il y a trop de classes. Mais on a de la chance, l’infirmière soigne encore les élèves, même s’il y a trop d’élèves. D’ailleurs, la prof d’art est souvent dans la salle de l’infirmière pour l’aider. Puis aussi, au bureau de la secrétaire. L’entraide, c’est bon pour le moral des équipes. Nous aussi on aimerait bien s’entraider pendant les récrés, mais on n’a pas le droit. C’est pas bon pour la sécurité. Alors on surveille les professeurs qui surveillent les élèves. C’est une grande chaîne. C’est important de surveiller ses équipes.

A midi 15, on descend à la cantine. Comme y a que quinze petites minutes pour manger, tous les élèves partagent leur repas à la cafétéria. C’est lunchbox contre plateau industriel. La bataille des Goldfish arc-en-ciel contre les hot dogs sous blister. Nous on déambule entre les tables et on compte les points. Et les pertes alimentaires.

A midi 30 c’est notre demi-heure divine. Trente minutes de pause, moins les marches à monter et à re-descendre, avec une pause pipi, des conversations d’adultes, des fromages en stick, des gamelles trop vite avalées, et un ultime café. Wow. Le temps est vraiment élastique comme un bon vieux carambar bien mâchouillé. En classe, 5 minutes sont infinies, et là, c’est un claquement de doigt. On est au degré zéro de l’énergie et y a encore tout l’après-midi.

On repart à l’attaque, en guerre contre nous-même. On vaincra, on enseignera coûte que coûte, parce que là est notre mission. Malgré le bruit, la fatigue, la barrière de la langue, la carence en caféine, les crises, les pleurs, les coups. Chaque heure est une bataille, mais le savoir et la connaissance sont brandis en étendard. Heureusement encore, des interventionnistes spéciaux viennent à notre rescousse. Enfin des fois. Ah non. Pas là. Ah. Puis, pas là non plus. Ah, et pas demain. Qu’à cela ne tienne, le professeur mènera la guerre tout seul pour ses élèves!

A 4h, le combat éducatif est terminé. Des lunchboxs oubliées jonchent le sol. Les talkies-walkies grésillent dans le vide. Vide. Comme les professeurs. Une missive arrive alors tout droit dans nos boites aux lettres. Un traitre est parmi nous. Il se dit, dans les couloirs froids et obscurs, qu’on utiliserait la force. Qu’on serait agressifs. Qu’on ne serait pas bienveillants. Nous, qui nous usons dans cette entreprise, qui la faisons prospérer, vivre, exister, qui donnons notre énergie, nos journées et nos années pour enseigner envers et contre tout, surtout contre tout, on nous reproche de maîtriser calmement mais fermement une situation, de créer des limites, des récompenses et des sanctions, d’éduquer et de faire grandir avec des valeurs de respect mutuel, de protéger et sécuriser des enfants eux-aussi usés par un système dont ils ne sont en aucun cas la priorité?  Ma petite entreprise connait bien la crise.

Heureusement, je travaille dans le faux monde et ma petite entreprise est irréelle. C’eut été invraisemblable sinon.

Once upon a time… Pumpkin Dentelle

Mise à jour 2016

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Ne pouvant résister à la demande enthousiaste d’une certaine personne qui se reconnaîtra probablement (indices: sac-à-dos et casque de vélo), me voici donc en train de rédiger mon premier article actualisé.

Encore un indice.

Encore un indice.

Cette année encore, il y a eu les curcubitacées qui trônaient en reines de l’après-midi, les outils tous miniatures qu’on dirait des jouets, les bières épicées à la courge et le dimanche après-midi qui étire le week-end au bord de la piscine. Cette année encore, il y eu les grimaces de dégoût au contact de la chair orange et les sourires d’émerveillement à l’illumination des citrouilles. Cette année encore, on a vraiment eu l’impression de vivre les Etat-Unis et de toucher à la joie des petits américains, nous, d’à peine trente ans et des poussières. On avait le regard concentré, le geste appliqué et les petites étincelles dans la pupille quand tout s’est éclairé.

Cette année par contre, les graines de courge n’ont pas rôties dans le four et nous ont manqué. Mais en contre-partie, le barbecue a bien grillé toute la soirée, car c’était un bel après-midi d’automne, frais et ensoleillé. Puis les bolas enflammées ont tournoyé dans la nuit, les chips ont craqué sous les dents et les verres se sont doucement vidés au fil des discussions. Les lanternes illuminaient de leur petite flamme nos derniers instants dominicaux, dont on profitait, contemplatifs et fiers de tant de talents déployés.

Pour le reste, vous pouvez (re)lire la suite. Je ne cours toujours pas mais j’adore toujours autant les brunchs du dimanche. Mon faux mari ne m’a pas étonnamment pas quittée au bout de trois mois. Je conserve un réel intérêt pour les analyses de profils psychologiques dans le marc de citrouille. Je masterise la sculpture sur courge maintenant, je suis d’ailleurs experte en taillage de potiron, mention netteté extrême. Puis les aurores boréales, c’est beau en vrai.

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Version 2015

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J’avais deux objectifs pour cette fin d’année: sculpter une citrouille pour Halloween et voir des aurores boréales pour le Nouvel An. Des objectifs finalement beaucoup plus atteignables que de se lancer dans un jogging tous les jeudis, et finalement beaucoup plus en adéquation avec mes compétences physiques (quoique la citrouille a failli gagner…).

Me voilà donc dimanche dernier, après de gargantuesques tartines avalées (d’où l’impossibilité encore de l’objectif jogging), en route pour réaliser au moins la moitié de ma to do liste du trimestre en compagnie de mon faux-mari, le retour. On a donc arpenté, dans notre grande passion du shopping dominical, toutes les grandes surfaces de la Nouvelle-Orléans à la recherche de la citrouille de nos rêves et des indispensables (mais épuisés) mini-outils qui la transformeraient en oeuvre dentelée. Et avec Patricia qui faisait pleuvoir des seaux d’eau pour corser le challenge, on s’est vraiment amusés (surtout mon faux-mari qui me déposait à l’entrée des magasins parce que je suis une princesse et me rejoignait tout mouillé) (Et ensuite, il a cuisiné du poulet aux cacahuètes. Mais ne vous emballez pas, c’est un FAUX mari.).

On s’est ensuite tous retrouvés, quelques amis et une (grosse) poignée de citrouilles, pour l’atelier découpage de cucurbitacées. Comme Patricia ne fatiguait pas, on a aménagé une terrasse de salon à base de papier journal et on s’est tous assis sur l’herbe le carrelage pour créer nos lanternes orange.

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Et là, les choses sérieuses ont commencé. Je ne savais alors pas dans quoi je m’engageais (finalement, le jogging…) Déjà, il faut vider la citrouille. C’est à dire mettre sa petite main toute blanche et manucurée dans cet affreux fruit tout filandreux pour en retirer les innombrables graines et filaments. Beurk, beurk, beurk. Et ce n’est qu’une fois que tu n’as plus d’ongle et que tout ton avant-bras baigne dans la bave de courge, que tu peux passer à l’étape suivante. LE MOTIF. On trouve alors plusieurs écoles: les créatifs, les artistes, les indécis, les droit-au-but, les appliqués, les insatisfaits… Montre-moi ta citrouille et je te dirai qui tu es.

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Et enfin, avec tes petites scies de dinette, il te faut faire des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tit trous. Pendant 30 minutes. Ou pendant deux heures. J’ai cru que la citrouille se régénérait au fur et à mesure que je l’évidais. J’avais des ampoules aux doigts, des courbatures aux jambes et des tiraillements dans le dos. Un marathon de la citrouille. Mais j’ai vaincu.

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Me reste donc plus qu’à accomplir l’ultime objectif de ma liste.

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In English this time… My Staycation

French version.

En français  tout simplement.

Translated by Jeremy Edwards.

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This year I tested the staycation for you, which is a sedentary alternative to a vacation. An interesting concept for those who, like me, do not go on vacations all across the Americas, but remain here at home in New Orleans. Yes, well, I confess, there is no reason to bring out the tissues and cry, because one should know that New Orleans during fall break is a pretty good place to live, actually. There are tougher sacrifices that are made than spending a week here (there are even those that fly just to live, really)

In fact, it’s a bit like living in a different temporality. I finally discovered the morning in New Orleans, much later in the morning than if it were a school day, but earlier than a day on the weekend. It was pleasant like a croissant from a bakery and a café au lait outside. As when eating a flakey, buttery croissant, the morning was serene, and time passed slowly.

It’s both refreshing and warming, like a picnic on the grass at a park. A light breeze raises the picnic cloth gently, and the sun reflects on one’s glasses. We discuss things between bites while breathing in nature. Our skin glistens gold. We take the time to read and to shut our eyes. It’s calming, and it seems to last a long while.

It’s generous like the meeting of French and American cultures. People from all backgrounds, from all walks of life, of all ages, who love the French language come to talk. Amongst themselves or with us in French first, then offering us the possibility to practice English a bit. It’s a true exchange, warm and delightful to the heart and to the soul. In the end, time catches up, and it hasn’t lasted long enough.

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It’s like all of those small pleasures like in Amélie Poulain. It’s like biting into a crunchy piece of toast with Nutella on it while sitting on the terrace of a café. Like getting one’s toes soaked in a pool with a view of the CBD. Like talking about one’s city to excited visitors. Like understanding a movie in its original language. Like drinking a glass of white wine at the movie theater in a comfortable chair. Like playing while studying with happy, motivated children. Like taking a break and eating ice cream at snack time. Like eating a tray of oysters on bar stools. Like talking about men, life, travel with friends, and feeling alive and thrilled.

Because ultimately, a staycation is also a journey. It’s like going through a big roller that compresses time and stretches it like an accordion. It is learning to take time. It is living. Gently, slowly. For millions of years. And always in the summer.

Once upon a time… My staycation

USA

Wow! My text translated!

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Cette année, j’ai testé pour vous la staycation, l’alternative sédentaire à la vacation. Un concept fort intéressant pour tous ceux qui, comme moi, ne partent pas en vacances aux quatre coins des Amériques, mais restent ici, chez eux, à New Orleans. Oui, bon, j’avoue, pas de quoi faire sortir les petits mouchoirs et couler une larme de compassion, parce qu’il faut bien reconnaître que New Orleans pendant la pause automnale, c’est quand même finalement plutôt pas mal à vivre. Y a plus dur comme sacrifice, quoi, que passer une semaine ici (Y en a même qui prennent des avions pour vivre ça, en vrai).

En fait, c’est un peu comme vivre dans une autre temporalité. Je découvre enfin New Orleans au petit matin, bien plus tard qu’une journée d’école, mais bien plus tôt qu’un jour de week-end. C’est tout doux comme un croissant de la Boulangerie et un café au lait en extérieur. Ça croustille et ça sent le beurre, c’est serein et le temps dure longtemps.

C’est aussi tout à la fois frais et chauffant, comme un pique-nique sur l’herbe du parc. Y a une petite brise qui fait se soulever la nappe Vichy doucement, et le soleil qui joue avec les reflets sur les lunettes. On discute entre deux croques, tout en respirant la nature, l’épiderme qui dore. On prend le temps de lire et de fermer les yeux, c’est calme et le temps dure longtemps.

C’est généreux comme une rencontre franco-américaine. Des gens de tous horizons, de tous profils, de tous âges, mais tous amoureux de la langue française, qui viennent converser entre eux, ou avec nous, en français, avant de nous offrir à nous aussi la possibilité de pratiquer un peu leur langue. C’est un vrai échange, chaleureux et délectable pour le coeur comme pour l’esprit, et le temps ne dure finalement pas assez longtemps.

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C’est simple comme tout plein de petits bonheurs à la Amélie Poulain. Comme croquer dans des tartines de Nutella à la terrasse d’un café. Comme tremper ses orteils dans l’eau d’une piscine avec vue sur les immeubles du CBD. Comme raconter sa ville à des visiteurs de passage ravis. Comme comprendre un film en version originale. Comme boire un verre de blanc dans un fauteuil confortable au cinéma. Comme jouer en révisant avec des enfants motivés et contents. Comme s’offrir une parenthèse glacée au moment du goûter. Comme déguster un plateau d’huîtres sur des fauteuils perchés. Comme parler des hommes, de la vie, des voyages avec ses amies, et se sentir vivante, et se sentir vibrer.

Parce que finalement, une staycation, c’est aussi un voyage. C’est comme passer à travers une gros rouleau qui compresse le temps, et l’étire en accordéon. C’est apprendre à prendre le temps. C’est vivre. Doucement. lentement. Pour des millions d’années. Et finalement toujours en été.

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Once upon a time… Tremé Fall Festival

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Il est encore des festivals que l’on n’a pas eu le temps de faire au bout de trois années… Tremé Fall Festival est de ceux-là, et je suis bien contente d’avoir remédier à ce manquement cette fois. Parce que c’était une bien chouette journée, de celles qui font pencher la balance de la Nouvelle-Orléans du bon côté.

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Déjà, ce petit festival a lieu au mois d’Octobre, ce qui lui donne d’avance plein de points de bonification. Comme je le répète tous les ans, Octobre est mon mois préféré ici. J’adooooooooore! Mais vraiment. Genre, quand j’habiterai plus là, et que je viendrai voir mes copains en vacances, ben je viendrai à ce moment là. Oui, oui. Les températures sont juste comme il faut, parfaites pour faire du vélo en petite robe sans suer, sous un magnifique ciel bleu. Puis y a Halloween qui arrive, les maisons pleines de squelettes et les citrouilles qui poussent comme des petits pains. Et les premières vacances de l’année scolaire. Bref, Octobre,  c’est chouette.

Ensuite, c’est un petit festival. Du coup, pas trop de monde. On peut danser, respirer, faire des second line, s’asseoir dans l’herbe, être tout près de la scène… La jouissance du festivalier en somme. On profite de l’après-midi dans un cadre intimiste, on a l’impression d’être un peu pote avec les musiciens, d’avoir été invité dans leur jardin. Hey, Glen, comment ça va? La famille, tout ça?

Enfin, c’est la Nouvelle-Orléans. Ce qui veut dire que n’importe quel événement est quand même un mélange un peu fou. Le son est plutôt mauvais et la musique est trop forte, mais les musiciens sont extraordinaires et le public est magique.  La p’tite vieille se balade avec son perroquet sur l’épaule, quand le monsieur barbu a un tee-shirt aux couleurs improbables et un badge « Free Hugs ». Ça sent la friture et ça résonne les cuivres, avec Saint Augustine pleine de rouille en toile de fond. Le genre d’après-midi où tu as vraiment l’impression de faire partie de New-Orleans. Le genre d’après-midi qui me manquera une fois partie.

Once upon a time… Self love.

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Bon, c’est pas parce que je suis tristounette, que je ne peux plus être coquette. Et je vais pas arrêter de me faire jolie, sous prétexte que c’est plus pour lui. Alorsà défaut d’arriver à soigner mon p’tit coeur, je peux commencer par soigner mes p’tits ongles. Un objectif à la fois, hein, et ma vie sera entre de belles mains colorées.

Les salons de manucure ici se situent donc entre le Disneyland du vernis et le bistrot des ongles limés. Point d’ambiance intimiste, de musique douce et de senteurs délicates. Aux Etats-Unis, tu es à l’usine de la coloration ongulaire, confortablement installé devant les télévisions géantes, dans une atmosphère aux lumières éclatantes et aux discussions bruyantes. Tu peux d’ailleurs venir avec toute ta bande de potes, et siroter une petite bouteille de vin californien, les doigts de pieds à l’air, en bavardant. Le rêve américain, quoi.

Cheers.

Cheers.

La palette des vernis proposés est évidemment démesurée. On est aux States, ou on ne l’est pas. C’est tout de même légèrement Cornélien comme situation pour quelqu’un qui ne sait pas faire de choix… Oui, je veux du rose, mais le « comme une petite crevette » ou le « princesse dans le coeur« … Hmmm…. Pour t’aider, les flacons sont à ta disposition et tu peux les ouvrir, regarder la couleur, les retourner, les sentir, bref, tu es le client, tu es le roi, et tu peux y passer l’après-midi sans avoir une remarque. Que le vernis s’oxyde dans les différentes manipulations n’est pas un problème. On a dit la quantité, pas la qualité.

Et y a d'autres murs, avec d'autres vernis et d'autres télés.

Et y a d’autres murs, avec d’autres vernis et d’autres télés.

Après, c’est un peu ce qui se fait de mieux en l’absence d’un amoureux. Tu te fais masser le dos à moitié allongé sur ton fauteuil confortable, pendant qu’une gentille dame s’occupe de tes pieds et une autre de tes mains. Gommage, serviettes chaudes, massages… Si en plus tu as une chouette copine avec qui débattre des derniers potins, l’objectif de la journée est clairement atteint.

Journée fille.

On est bien. 

Après tout, je suis une princesse.

Once upon a time… Mon oxygène.

J’vous préviens, va y avoir des petites étoiles, des ballons qui se gonflent, des paillettes qui picotent, parce que je suis toute émue à l’intérieur de moi, juste à côté de là où ça fait quand même encore mal. Là où ça fait vivre quoi.

J’dois reconnaître que j’ai pas été une super copine ces derniers jours… J’vous passe le tableau, parce qu’il n’est pas très rigolo. J’étais dans ma bulle, et y avait de la place pour personne. Sauf que mes copains, il leur fallait un peu plus qu’une petite bulle toute grise pour les effrayer et les faire abandonner. Ils allaient tout repeindre en vert pour me faire respirer.

Ils ont monté un collectif pour me donner le sourire. Et quand je l’ai appris, ça m’a donné aussi les yeux humides. Ils ont mis en place leur grande action, en bande organisée qu’ils sont. Je me suis retrouvée lavée et habillée un dimanche matin, dans une voiture en route pour le Bayou Coquille.

Ils ont sorti la nappe et les fleurs. La bouteille de rosé et les glaçons. Le pain aux olives et les fromages de France. Le céviché de saumon. La salade de quinoa. La tarte chèvre-épinard. Tout était fait maison. Tout était frais et bon. Alors c’est vrai que y avait aussi les moustiques et les araignées. Et qu’ils se demandaient qui avait eu cette drôle d’idée d’un pique-nique dans les marais. Mais moi je m’en fichais, parce que je trouvais surtout que c’était une chouette idée qui mettait du ciel bleu là où c’est tout noir.

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On a marché au milieu des alligators et des cyprès, en bavardant de la vie, jusqu’à ce que l’orage nous menace. Mais à l’intérieur de moi, le soleil gagnait un peu de terrain. Et j’en avais besoin.

Alors voilà. Mon oxygène, mes petits ballons pour ne pas perdre l’équilibre, mes super copains, ce sont eux, et je vous souhaite d’avoir les mêmes.

Once upon a time… La vie en pause

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Un mois que je m’accrochais très fort à tous les petits ballons de bonheur qui passaient à portée de ma main, pour ne pas tomber, pour rester légère malgré l’insoutenable légèreté. Il a suffi de quelques messages lancés comme des flèches, et tous les ballons ont explosé. Bim bam boum. L’équilibre était brisé. J’étais brisée. Tout dedans, là où ça ne se voit pas, mais là où ça fait tellement mal.

C’était un gros bazar à l’intérieur de moi. Plus rien à l’endroit, que des petits morceaux, des petites miettes plus à leur place. Ça hurlait dans ma tête et dans mon cœur. Tellement, que j’avais l’impression d’être un peu folle quand même. Alors, j’ai mis ma vie en pause. Quelques jours pour remettre un peu d’ordre là où c’est tout noir.

Je suis restée en boule dans ma bulle. Longtemps. J’ai écouté toutes mes pensées dans ce silence. Puis aussi, toutes les douleurs et les bonheurs. J’ai essayé de nettoyer tout ça. De tout réarranger pour retrouver un équilibre. Evidemment, la balance est fragile maintenant. Puis la douleur va peser longtemps du coté du cœur. Mais la vie va rejouer et regonfler ses petits ballons, je le sais, elle le fait heureusement tout le temps.

Alors, voilà. Je vais relancer la lecture. Reprendre la vie. Mais quand je te sourirai en m’accrochant à mon petit ballon, tu sauras que tout dedans, là où c’est brisé, j’ai tellement mal. Et que j’aurais aimé que tu sois là, simplement, avec quelques mots, pour rééquilibrer tout ça.

Il a finalement eu les quelques mots. Maintenant à moi de garder l’équilibre. 

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Je ne travaille pas dans le vrai monde… Great Meet & Greet

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Hier, après une longue semaine passée dans tous les locaux de l’école, excepté notre propre classe, nous avons eu l’immense excitement de rencontrer les petites personnes avec qui nous partagerons la majeure partie de notre temps éveillé hebdomadaire, accompagnés de leurs parents, lors du fameux « Meet & Greet » de pré-rentrée.

Une demi-journée pleine de joies et d’angoisses, où le comportement de chaque enfant passant la porte de la salle de classe est secrètement analysé. S’il est caché derrière le dos de son proche parent, c’est louche et ça ne durera probablement pas. S’il court sans fin autour des tables, c’est mauvais signe et ça durera probablement trop. Et s’il se tient droit, te regarde dans les yeux et te répond qu’il a passé d’excellentes vacances chez sa grand-mère en Floride et qu’il est ravi de revenir à l’école, tout ça dans un français presque parfait, et qu’en plus il a toutes les fournitures demandées et étiquetées, c’est rare, et c’est toi qui cours dans la classe d’à coté pour partager ton trop plein d’émotion.

Quoi qu’il en soit, les parents te diront ô combien amazing tu es, et ô combien ils sont heureux que tu sois l’enseignant de leur enfant, même si au fond ils auraient préféré la classe du prof d’à côté ou qu’ils ne te connaissent finalement pas. Quoi qu’il en soit, ils te proposeront leur aide pour absolument tout ce qui est imaginable, et même ce qu’on n’a pas encore imaginé. Bref, ce sera une année forcément incroyable que tout le monde a tellement hâte de commencer.

Mais attention, pour en arriver à cette journée parfaite, ça n’a pas été aussi facile. Tout a commencé deux mois et demi auparavant.  Quand absolument tout le matériel des classes a été rangé dans des cartons afin de préparer l’école pour le grand ménage d’été. Quand absolument tout le mobilier des classes a bien été marqué pour être replacé dans les salles adéquates. Quand absolument toutes les nouvelles commandes ont bien été établies, vérifiées et validées. Sans un minimum d’organisation en amont, cette journée aurait facilement pu sombrer dans le chaos…

Et on a bien cru que ce serait le cas, quand dix minutes avant l’arrivée des premiers parents, les couloirs ressemblaient encore aux hangars de stockage de Office Depot, voire aux zones de travaux de Napoleon Avenue suivant les campus. Etrangement, les cartons de matériel n’ont pas bougé d’un millimètre pendant l’été, contrairement au mobilier qui lui, a bien été déplacé, mais pas au bon endroit. Le ménage a été « fait » après avoir nous même nettoyé la crasse avec des lingettes pour bébé et bien tout réinstallé sur les étagères. On a couru après les chaises de bureaux et les tables pour élèves. Classique quoi. Au moins tout autant que les commandes non envoyées, supprimées ou mélangées… Clas-si-que.

Mais ils sont quand même forts les américains, parce qu’au final, dix minutes après, dans les apparences tout était parfait. Alors moi aussi, je m’américanise. Ma classe n’est absolument pas prête, mais dans les apparences, elle est parfaite. J’ai de jolis affichages pas du tout éducatifs. Une semaine que je les prépare, mais promis, dix minutes avant la rentrée, je préparerai ma première journée.

La classe à l'américaine.

La classe à l’américaine, quoi.